État des Lieux des Stratégies Climat dans l’Immobilier, les Transports et l’Industrie

Planisphère zoomé sur la France
drapeau européen flottant au vent avec fond d'un bâtiment institutionnel

L’objectif ?

Évaluer la maturité, l’ambition et la précision des plans climatiques des entreprises pour mesurer leur alignement avec l’Accord de Paris.

L’ADEME et le CDP ont développé la méthodologie ACT (Accelerate Climate Transition), permettant d’analyser en détail les plans de transition bas carbone des entreprises. Cette approche repose sur plusieurs critères :

  • Réduction de l’empreinte carbone.
  • Investissements en faveur de la transition écologique.
  • Engagement des parties prenantes.
  • Compatibilité des modèles économiques avec les objectifs climatiques.

L’analyse vise à estimer la cohérence des stratégies des entreprises avec les objectifs internationaux de lutte contre le changement climatique.

Les entreprises évaluées montrent une volonté affirmée de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Parmi les avancées notables :

  • Intégration des enjeux climatiques dans leur pilotage stratégique.
  • Calcul de l’empreinte carbone, principalement sur les scopes 1 et 2.
  • Mise en œuvre d’actions concrètes pour réduire leurs émissions.

Cependant, des défis importants subsistent. L’étude a révélé plusieurs lacunes :

L’évaluation ACT dans le secteur industriel, qui inclut des entreprises de la chimie, de la métallurgie, et des matériaux de construction, a révélé une maturité intermédiaire en termes de décarbonation. Le score moyen de performance s’établit à 8,9/20, avec des disparités significatives entre les entreprises (notes allant de 6,3 à 11). Si la majorité des acteurs obtiennent un score narratif « C », cela souligne des efforts tangibles mais aussi un potentiel d’amélioration conséquent.

Les entreprises démontrent une intégration croissante des enjeux bas carbone dans leur gouvernance. Des initiatives telles que la tarification interne du carbone ou des objectifs de réduction alignés avec les trajectoires mondiales de décarbonation (<2°C) sont notables. Toutefois, des lacunes demeurent, notamment :

  • Manque de données précises pour évaluer les actions de transition, notamment dans les émissions scope 3.
  • Insuffisance d’informations sur l’impact chiffré des leviers de décarbonation et leurs échéances.
  • Faible transparence des méthodologies utilisées pour suivre les émissions.

Pour progresser, les entreprises industrielles doivent structurer davantage leurs plans de transition :

  1. Pilotage des émissions plus précis : Compléter les données absolues avec des métriques d’intensité (par tonne ou unité de production).
  2. Plans d’actions détaillés : Inclure des échéances claires, des impacts attendus, et des ressources financières mobilisées.
  3. Engagement des parties prenantes : Encourager les fournisseurs et clients à publier leurs propres objectifs climatiques et à s’aligner sur des stratégies bas carbone.

En renforçant ces aspects, la CSRD jouera un rôle clé pour structurer les stratégies et harmoniser les données, permettant ainsi une évaluation plus robuste et pertinente via les méthodologies ACT.

Le transport représente près de 30 % des émissions françaises, soulignant son importance dans la transition climatique. L’évaluation ACT a porté sur un échantillon diversifié d’entreprises, allant des opérateurs de fret maritime aux gestionnaires de transports publics. Le score moyen de performance est légèrement supérieur à celui de l’industrie, à 9,0/20, mais les défis restent similaires : manque de données précises et faible articulation entre objectifs et plans d’action.

Certaines initiatives sont prometteuses :

  • Développement de véhicules électriques et hybrides.
  • Adoption de carburants alternatifs comme le GNL pour le transport maritime.
  • Mise en œuvre de politiques de décarbonation, souvent alignées avec les référentiels SBTi (<2°C).

Cependant, des retards sont notés, notamment dans le transport aérien et maritime, où les dépendances aux combustibles fossiles lourds restent fortes.

Pour atteindre les objectifs climatiques, des actions concrètes doivent être prises :

  1. Métriques adaptées aux spécificités du secteur : Intégrer des indicateurs d’intensité (gCO2e/km par passager ou tonne) dans le suivi des émissions.
  2. Transition énergétique des flottes : Planifier l’investissement dans les véhicules bas carbone, notamment dans les secteurs maritime et routier.
  3. Collaboration accrue : Renforcer les engagements avec les fournisseurs et les clients pour harmoniser les efforts de réduction sur toute la chaîne de valeur.

Ces initiatives permettront au secteur de mieux répondre aux attentes de la CSRD et de contribuer efficacement à la neutralité carbone d’ici 2050.

L’évaluation ACT appliquée au secteur immobilier, incluant des acteurs de la promotion, de la gestion d’actifs, et de la construction, met en évidence une maturité intermédiaire en termes de décarbonation. Le score moyen de performance des entreprises est de 7,7/20, avec des disparités notables entre les évaluations (scores de 6,4 à 10,6). La majorité des entreprises obtiennent un score narratif « B », ce qui reflète des efforts significatifs mais également un potentiel d’amélioration.

Les entreprises du secteur immobilier montrent une intégration croissante des enjeux climatiques dans leur gouvernance, notamment par la mise en place d’objectifs de réduction alignés sur les scénarios mondiaux de limitation du réchauffement climatique (1,5°C et 2°C). Cependant, certaines lacunes freinent encore leur progression, telles que :

  • Insuffisance de données publiques permettant d’évaluer certains modules, en particulier les émissions liées au scope 3.
  • Faible articulation entre les objectifs et les actions concrètes, notamment sur les plans d’investissement et les leviers de décarbonation.
  • Manque d’informations sur les émissions « verrouillées » par les actifs actuels, limitant la transparence des trajectoires futures.

Pour renforcer leurs stratégies climatiques et répondre efficacement aux exigences de la CSRD, les entreprises du secteur immobilier peuvent agir sur plusieurs leviers :

  1. Suivi des émissions spécifiques au secteur :
    • Compléter les données globales par des indicateurs d’intensité carbone (exprimés en tCO₂/m²) cohérents avec les standards internationaux.
    • Préciser les trajectoires pour les consommations énergétiques des bâtiments (neufs, rénovés, et exploités).
  2. Structuration des plans de transition :
    • Détailler les actions prévues, avec des échéances claires, des objectifs chiffrés de réduction des émissions, et des budgets d’investissement associés.
    • Intégrer la notion d’émissions « verrouillées » pour mesurer l’impact carbone futur des projets actuels.
  3. Engagement des parties prenantes :
    • Sensibiliser les locataires et les investisseurs à la réduction des consommations énergétiques et à l’utilisation d’énergies renouvelables.
    • Collaborer avec les fournisseurs pour intégrer des clauses environnementales dans les contrats.

En adoptant ces améliorations, le secteur immobilier pourra mieux aligner ses activités avec les objectifs européens de neutralité carbone, tout en renforçant sa transparence et sa crédibilité auprès des parties prenantes.

La CSRD apporte des solutions pour combler ces lacunes. Elle exige des entreprises qu’elles décrivent les leviers de décarbonation et leurs impacts quantitatifs et fournissent des informations financières liées à ces actions.

Ces exigences renforcent la lisibilité et la transparence des stratégies climatiques, favorisant un cercle vertueux d’amélioration continue.

Avec l’initiative ACT de l’ADEME accompagne les entreprises à chaque étape de leur transition bas carbone :

ACT Pas-à-Pas : Pour les entreprises débutantes, ce programme permet de structurer un plan de transition en cinq étapes.

ACT Évaluation : Pour les entreprises ayant déjà une stratégie, cet outil propose une analyse critique pour identifier les axes d’amélioration.

Entre 2021 et 2023, plus de 400 PME et ETI ont bénéficié de cet accompagnement.

En 2025, l’ADEME mènera une nouvelle campagne d’évaluation des stratégies climat. Cette initiative vise à

  • Identifier les points forts et les axes de progrès des entreprises.
  • Aider les organisations à mieux répondre aux attentes de la CSRD.
  • Accroître la maturité des entreprises face aux enjeux climatiques.

Pour en savoir plus sur ces travaux, l’ADEME organise un webinaire le 14 janvier 2025, de 11h à 12h.

À propos

L’ADEME soutient les entreprises dans leur transition écologique à travers des outils et méthodologies innovants. En partenariat avec le projet Life Finance ClimAct, elle œuvre pour aligner les flux financiers sur les objectifs climatiques.